La grotte

Eh bien, Miellye, puisque tu me l'offres si gentiment, je me mettrais bien en bouche... une cerise, une seule!

Euh... Une... une... une cerise? Une seule cerise?

Mais... je crains bien que je n'en ai point ici mon époux!

Attends, je vérifie au cas où...

Miellye courut jusqu'à la réserve, fouilla dans tous les coins et recoins mais ne trouva aucune cerise.

Elle revint bredouille et déçue de ne pouvoir offrir à son époux ce qu'il souhaitait. Elle demeura pantois devant lui.

Miellye détestait ne pas pouvoir accordé à son époux ce qu'il souhaitait. Il travaillait si fort pour eux.

Ses yeux tournoyaient tels des chevaux sur un caroussel comme dans les foires. Elle ne trouvait rien à dire qui lui sembla approprié dans la circonstance.

Elle jouait nerveusement avec ses doigts, visiblement bien embêtée...

Ces derniers temps, Nadhas était prise par cette nostalgie : son arrivée à Forcalquier, ses rencontres aves ses plus fidèles amis...

Elle a souhaité subitement se rendre à forcalquier pour retrouver tous ses bons moments qu'elle a passés avec tous.

Elle partit en compagnie de arwen et aq. Sur la route, l'ambiance était au rendez-vous. Ils s'amusèrent, discutèrent sans oublier ce fameau rituel de la danse de toirab.

Arrivée à forcalquier, Nadhas décida de quitter arwen et aqw pour faire la surprise à sa marraine :

"Mes amis, merci pour votre compagnie. je vous laisses les tourtereaux. je vais aller voir ma marraine"

Nadhas se sentit bien tout d'un coup en pénétrant la fôret. elle avait une hâte de retrouver ses amis.

Elle arriva devant la grotte. "ça n'a pas changé!!" souria t elle."

Sa besace débordée de surprise pour ses amis. elle sentit comme une légére douleur à l'épaule alors préféra déposer sa besace à ses pieds.

"ohhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh ya quelqu'un ?????????????????"

Elle patienta devant la porte, un peu anxieuse de revoir ses amis.

Miellye entendit une voix et crue que c'était Godeline qui revenait. Elle sortit en courant et s'arrêta net en voyant Nadhas devant la porte.

Nadhaaaaaaas! Quelle magnifique surprise! Mais ne reste pas là à cette heure si tardive. Entre voyons! Les enfants sont couchés pour leur nuit mais nous ne nous étions pas encore couchés nous.

Elle fit la bise à sa filleule et la serra très fort dans ses bras. Puis, elles entrèrent dans la grotte après que Nadhas eut reprit sa besace qui semblait si lourde.

Noctuel prenait justement une tisane aux fleurs de pavot. Tu en veux une aussi?

Après avoir déposée sa besace, fait des bisous à Miellye et à Noctuel, Nadhas accepta volontiers la tisane que lui offrait Miellye.

Elle prit place à la table et commença à répondre aux différentes questions que lui posait Noctuel et sa marraine.

Miellye prépara la tisane pour Nadhas puis, se joignit à eux et ils discutèrent quelques instants avant que Miellye ne propose d'héberger sa filleule et de poursuivre les conversations demain.

Nadhas la remercia et accepta leur hospitalité. Miellye l'accompagna dans la chambre des invités que sa filleule connaissait déjà pour avoir séjournée pendant sa grossesse.

Miellye l'embrassa, lui souhaita bonne nuit et rejoignit son époux qui avait déjà regagné leur lit.

Après avoir fait ses ablutions et revêtit une chemise de nuit propre, elle se glissa aux côtés de son époux qui dormait déjà.

Elle se tournait et se retournait dans le lit au rythme de ses pensées qui se bousculaient, se croisaient et s'entrechoquaient entre elles au point où, elle se leva et sans faire de bruit, se dirigea dans la cuisine où elle alluma une chandelle et sortit le nécessaire pour écrire.

Quelques instants plus tard, elle se releva et plaça bien en évidence sur la table, le parchemin déroulé sur lequel elle déposa la tasse dont Noctuel se servait tous les matins.

Elle se pencha pour prendre Arnold dans ses bras qui dormait paisiblement aux côtés de Dark et elle alla le porter dans sa nichette puis, le borda après l'avoir caressé tendrement.

Elle alla voir chacun de ses enfants, les embrassa tour à tour, caressant leur front et leurs fins cheveux blonds, remonta la couverture sur Imeldine pour aller préparer sa besace après s'être assurée du sommeil profond de son époux.

Elle sortit de la grotte et siffla... Neige accourut et voyant la besace que portait sa maîtresse, plia les genoux pour lui faciliter la tâche.

Un bruit de galop se fit entendre et rompit le silence de la nuit.

Miellye quittait Forcalquier sans se retourner, repensant à la lettre qu'elle avait écrite à son époux.

Citation :: Mon époux,

Pardonne mon départ précipité. J'ai une mission à accomplir! Une mission de protection! Il y va d'une question de survie si je puis dire… Disons qu'il s'agit d'une quête! Oui, on peut dire qu'il s'agit d'une sorte de quête! Peux-tu m'excuser auprès de Nadhas?

Je ne sais où tout ça va me mener. Mais je sais que je dois le faire! Je ne peux tout te dire pour le moment mais je te promets de le faire sous peu. Fais-moi confiance mon époux, je t'en prie!

Je te rassure en te disant que j'ai pris avec moi, nourriture, eau, vêtements ainsi que quelques écus.

De plus, je suis en toute sécurité puisque notre chère Neige m'accompagne.

Prends bien soin des petits et de toi. Si je vous sais en bonne santé et que tu me dis que tout va bien, cela allégera ma peine et mes inquiétudes à votre sujet.

Tu peux me donner des nouvelles en m'envoyant Popeye qui me retrouvera puisqu'il retrouve toujours Neige.

N'oublie jamais combien je vous aime et rappelle-toi bien que si je pars, c'est que j'y suis forcée en quelque sorte, mais ne t'inquiète pas, cela ne signifie en rien que je suis détenue contre mon gré.

Bien au contraire mon époux, je suis tout à fait seule et je dois faire ce que j'ai à faire, seule!!!

Puisse Aristote me protéger!

Tienne pour la vie,

Ta Miellye

Noctuel avait repris huit fois de cette délicieuse tisane de fleurs de pavot. Qui plus est, il avait pris l'habitude de mâchouiller les fleurs elles-mêmes, dont s'échappait un suc qui lui plaisait beaucoup. Cette consommation, à laquelle il prenait décidément goût, lui procurait un état de grande détente et d'intense bien-être, ainsi qu'un sommeil peuplé de rêves étonnants. Il dormit longtemps, très longtemps... jusqu'au moment où il fut éveillé par un groin moite et insistant. Il s'étira longuement, caressa Arnold pour le calmer, car le porcelet semblait alarmé, et appella:

Miellye, j'ai dormi à outrance me semble-t-il, tu aurais dû m'éveiller plus tôt...

Neige s'arrêta à la sortie du village, comme si soudainement elle comprenait les intentions de sa maîtresse et complice des premiers jours. Bien qu'elle en ignorait les raisons, elle releva la tête vers Miellye et se retourna vers la grotte, cherchant une quelconque indication sur les réelles intentions de Miellye.

Cette dernière, le visage fouetté par le vent de la nuit, pencha la tête observant la jument pour comprendre finalement ce que Neige tentait de savoir.

Elle lui désigna le sol du bout du doigt et la plus loyale de ses amies, plia les genoux. Miellye se laissa glisser de sa monture, laissa les rênes et se réfugia au pied d'un grand chêne suivie de Neige qui brouta à ses côtés.

Miellye revoyait dans sa tête le visage de ses enfants et surtout, le regard si tendre que son époux posait parfois sur elle.

Pourquoi doutait-elle à présent d'elle alors qu'il n'y avait pas si longtemps, elle était certaine de ce qu'il convenait de faire…

Elle baissa les yeux, portant son regard et sa main sur son ventre. Il manquait quelque chose! Oui, il lui manquait quelque chose!

Elle écarquilla grand les yeux. Il manquait… la main de Noctuel!!!

Elle se leva d'un bond, s'approcha de Neige, s'empara des rênes, remonta sur Neige et cette dernière, sans que Miellye n'eut dit quoique ce soit rebroussa chemin, direction: grotte!!!

L'aube était levée depuis déjà quelques heures et sur le chemin du retour, Miellye s'arrêta, son regard étant attiré par une chose qui plairait certainement à son époux.

Elle se dirigea vers la petite bicoque, descendit de sa monture et toqua à la porte.

Elle s'entretint avec l'homme du sujet qui l'avait en sorte obligée à s'arrêter et lui fit part de son intérêt pour ce qu'elle désirait offrir à son époux et qu'il possédait sur ses terres, en multiples exemplaires.

Le sieur Boisansterre, bien qu'étonné, écouta attentivement Miellye et il fut touché de la demande formulée par la jeune femme qui désirait offrir ce cadeau à son époux.

Il acquiesça à son désir, contre quelques écus, étant lui-même père d'une famille nombreuse.

Il prit sa pelle et alla quérir l'objet de la vente qu'il venait de conclure avec Miellye.

Il l'aida à attacher son acquisition en toute sécurité à la selle de Neige, après qu'elle y eut montée.

Elle lui serra la main et repartit en direction de la grotte.

Neige était si heureuse d'être revenue, qu'elle hennit, annonçant ainsi leur retour.

Elle entra en trombe à la grotte, toute enthousiasmée.

Mon époux, mon époux! Je n'ai pas eu à aller bien loin pour faire ma quête! Je suis déjà de retour et je n'ai même pas eu à quitter Forcalquier! Regarde!!!

Elle affichait un magnifique sourire lorsqu'elle brandit fièrement un petit cerisier d'à peine un mètre de hauteur.

Noctuel s'était rendormi, et Arnold, renonçant à l'éveiller, s'était couché contre lui. Noctuel rêvait à une dame blonde comme les blés, qui lui offrait d'innombrables bouquets de fleurs rondes et rouges. La scène se répétait à l'infini, et les bouquets rouges s'accumulaient, s'accumulaient, s'accumulaient. Soudain, il ouvrit les yeux, s'éveillant sans préambule. Il aperçut sa dame blonde, son épousée, qui lui tendait un bouquet... constitué d'une unique et longue tige ligneuse ornée de plusieurs feuilles vertes. Arnold fit oink, Noctuel fit ohhh...

Miellye, tu portes ta tenue de route, tu comptes donc sortir?

Et Miellye fit tssssssssssssss puis rebroussa chemin, fouet en main!!!

Nadhas fit réveillée par les bruits enfantins de la famille. elle se sentit bien dans le cocon de sa marraine car elle savait que la grotte etait un havre de paix. En se levant du lit, elle fit un saut dans le séjour. elle devait partir aujourd'hui pour continuer à découvrir la provence. Ne voulant pas les déranger, elle se rendit d'abord faire de doux baisers aux enfants et était frappée par le changement de moka. elle lui caressa longuement les cheveux puis partit les larmes aux yeux direction brignoles.

Les enfants étaient maintenant à table. Nadhas arriva tout d'un coup et fit des bisous à tout le monde, informant du même coup Miellye qu'elle ne pouvait pas rester plus longtemps puisqu'elle devait reprendre la route tout de suite.

Miellye remarqua les yeux mouillés de sa filleule après que celle-ci se soit attardée à caresser les cheveux de Moka... Elle n'eut pas le temps d'intervenir que déjà Nadhas avait déjà quittée la grotte.

Elle se sentit fortement chagrinée pour sa filleule et elle continua de servir les petits tout en songeant à cette dernière. Elle avait le coeur lourd pour la jeune femme et la connaissait suffisamment pour savoir qu'elle n'était pas heureuse!

Un toussottement se fit entendre, secondé par un couinement. Noctuel et Arnold venaient de prendre place à la table...

Après que tout le monde fut rassasié, Miellye coiffa les fillettes, peigna Noctumiel et lissa les soies d'Arnold. Elle habilla les petites de jolies robes qu'elle avait fabriquées, Noctumiel et Arnold portaient des braies et une chemise, cousue main par maman et une fois tout le monde en jolie tenue, Miellye annonça à Noctuel qu'ils allaient faire une promenade dans la forêt pendant qu'il ferait sa fournée quotidienne.

Grazielle, Imeldine, Noctumiel, Arnold et Dark marchaient devant Miellye qui tenait la main de Moka et de Pépinot.

Tout le monde fredonnait un petit air qu'elle leur avait enseignée, accompagné au rythme des cuillères qu'entrechoquait Noctumiel, dernière découverte musicale de celui-ci.

Chemin faisant, elle eut soudain une idée pour divertir les enfants. Aller à la crique!!!

La journée était magnifique, le soleil de la Provence réchauffait Forcalquier de ses rayons estivals pour cette période de l'année.

Oui, ils iraient à la crique! Elle annonça donc aux enfants qu'elle leur réservait une surprise.

Les enfants s'esclâmèrent, Arnold se mit à courrir partout, suivit de Dark qui aboya pour marquer sa joie. Tous adoraient les surprises!

Miellye n'avait surtout pas oubliée de mettre le joli foulard à son ami canin, sinon il aurait refusé de les suivre.

Quant à Moka et à Pépinot, ils relevèrent la tête vers leur mère, cherchant à comprendre ce qui provoquait cette joie chez leur fratrie. Miellye leur sourit.

Les petits ne cessaient de fixer les pas de leur mère, s'assurant ainsi de bien la suivre.

Ils arrivèrent à la crique et Miellye les regarda droit dans les yeux, leur montrant la rivière, là où elle était allée se réfugiée si souvent...

Dark, qui reconnut l'endroit, sauta à quatre pattes dans l'eau, suivit d'Arnold que Miellye ne put retenir pour retirer ses vêtements.

Les enfants sautaient tous autour de Miellye, chacun réclamant d'être le premier à se faire dévêtir. Elle finit par calmer tout ce petit monde et leur fit quelques recommandations élémentaires de prudence.

Les triplets allèrent vite rejoindre Arnold et Dark, qui se bousculaient allégrement dans l'eau au point de se faire tomber tour à tour.

Des cris, des éclats de rire, des couinements, des aboiements emplirent bientôt le silence qui régnait à l'endroit quelques instants auparavant.

Miellye déshabilla Moka et Pépinot pour les laisser en couches. Elle retira sa chemise et ses braies ne conservant que ses vêtements de dessous.

Elle courut attraper Moka et Pépinot qui, à quatre pattes, arrivaient à proximité de la rive. Elle s'empara des deux enfants, les souleva pour placer chacun d'eux sur une de ses hanches, bras placé fermement sur leur poitrine jusqu'à leur entrejambes, pour bien les tenir et s'avança lentement dans l'eau.

Moka et Pépinot battaient des bras tout en criant pour manifester leur joie. Miellye se descendit doucement, jusqu'à s'asseoir au fond de la rivière, les enfants placés sur ses cuisses. L'eau arrivait à leur cou.

Les deux bambins se regardèrent un instant, comme si une idée commune venait de germer dans leur esprit et soudain, ils commencèrent à faire tellement de clapotis que Miellye n'y voyait plus rien et riait à gorge déployée, comme tous les enfants.

Noctumiel, Grazielle, Imeldine, Arnold et Dark s'en donnaient également à coeur joie et lorsqu'ils entendirent les éclats de rire de leurs cadets, ils accoururent à leur tour pour rafraichir maman qui riait toujours autant, tellement, qu'elle en avalait presqu'autant qu'elle en recevait!

En ayant fini avec sa fournée, Noctuel profita de l'absence du reste de la famille pour mener à terme un projet qu'il caressait depuis quelques semaines. Il avait mis de côté des longueurs de bois, qu'il commença à assembler selon un plan simple, mais rigoureux.

Il s'agissait de monter une tourelle pas très loin devant la grotte, d'une hauteur de sept toises. Cette tourelle était destinée aux oiseaux de guet, Popeye et Olive, ainsi que Lauzène, qui pourraient ainsi surveiller l'horizon et annoncer les visiteurs... ou les brigands, s'il s'en présentait...

Noctuel espérait aussi, sans trop y croire, que le grand oiseau blanc de dame Caramal, maintenant associé à dame Godeline, daignerait un jour s'y poser. Au bout de quelques heures, la tourelle élancée fut terminée, et Noctuel plaça à son sommet un nid de branchages et de brindilles, pour plus de confort aviaire. Puis tout au bas, il apposa un garde-fou, pour éviter qu'un enfant aventureux ne soit tenté de grimper à la tour de guet.

Ils avaient bien ris, s’étaient amusés comme des petits fous mais il fallait à présent retourner à la maison.

Miellye sortit de l’eau en compagnie des petits et ils se rendirent sur le petit rocher, là ou elle avait rangé leurs vêtements qu’elle avait soigneusement pliés.

Tout avait disparu!!! Il n’y avait plus rien du tout!

Elle regarda partout en compagnie de Grazielle, Imeldine, Noctumiel, Arnold en compagnie du flair professionnel de Dark mais rien…

Bientôt, elle dut se rendre à l’évidence… il leur faudrait revenir à la grotte à demi-nus!

Ils arrivaient à proximité de celle-ci, lorsqu’une sorte de grande tour leur firent lever la tête jusqu’au ciel…

Qu’est-ce que c’était que cette sorte de bâtiment érigé? Quelle idée farfelue avait encore eu son époux!

Curieux de découvrir ce que c’était, tout le monde se précipita vers celle-ci, oubliant leur demi-nudité, lorsque Miellye regarda son époux qui ramassait tout ce qui lui avait été utile à cette érection aviaire, attendant des explications.

Quant à Noctuel, il se releva en les entendant arrivés, attendant lui aussi quelques explications sur leur tenue vestimentaire…

Noctuel alla quérir une grande nappe, qu'il offrit à Miellye, pas tellement pour couvrir la demi-nudité qu'il appréciait au plus haut point, mais pour éviter qu'elle prenne froid.

Il lui expliqua la fonction de cette tour de guet, qui d'ailleurs était déjà occupée par Popeye et Olive, qui semblaient plus que ravis de ce nouveau siège comme de ce nouvel emploi. À peine avait-il terminé son explication qu'un pigeon, qui semblait épuisé, vint se poser lui aussi au sommet, accueilli fraternellement par Popeye et Olive, auxquels Lauzène venait de se joindre. Le règne aviaire les prenait de haut, sans contredit!

Le pigeon lâcha une missive que Noctuel récupéra pour en faire la lecture à voix haute, tous lui portant une oreille curieuse et attentive.

Citation :: Je suis arrivée saine et sauve à Lausanne après avoir subi une attaque entre Genève et ma ville ! Heureusement sieur Caradoclebouc m’a tirée des pattes de deux sinistres individus !

J'ai acheté mon premier mouton ce matin même, pour tenir compagnie aux deux alpageois qui sont arrivés en fin de semaine! Vous pouvez écrire à Bradesabot de passer les chercher à Lausanne ?

Céleste plane au-dessus du champ et voit aussi à surveiller la ville, car il y a eu révolte cette nuit et une femme a pris le pouvoir !!!

Godeline

Miellye remercia Noctuel pour sa délicatesse lorsque celui-ci lui rapporta une grande nappe sous laquelle les petits cherchèrent refuge dès qu'elle la mit sur ses épaules.

Miellye félicita Noctuel de l'incroyable imagination dont il avait fait preuve, après qu'il lui eut donné les explications quand à la raison d'être de la tourelle. Décidément, son époux était tout simplement... ingénieux!!!

Elle allait entrer pour que tout le monde se change et se réchauffe, lorsque Noctuel attrapa au vol, une missive envoyée par damoiselle Godeline et retransmise par leurs fidèles amis ailés.

Noctuel se retrouva soudain tout fin seul, Miellye ayant entrée s'occuper des petits. Puis elle se changea et prépara tout le nécessaire d'écriture qu'elle plaça sur la table pour qu'il écrive immédiatement à messire Bradesabot, marchand ambulant et récupérateur d'Alice et de Paco.

Miellye ne tenait plus en place devant son époux.

Ah Miellye, écrire à messire Bradesabot, je veux bien... mais où?? Quand nous en avons parlé initialement, il avait quitté Forcalquier depuis peu, et je savais donc, du moins de façon approximative, où il pouvait se trouver. Mais aujourd'hui, il pourrait être n'importe où dans les Royaumes... Je crains qu'il ne faille attendre son prochain passage en notre village pour lui confier ce mandat alpageois... Une question de semaines ou de mois. C'est fâcheux, très fâcheux... À moins que tu n'aies une autre idée, mon épousée?

La seule idée que j'ai eue... est que j'aille les chercher mon époux. Mais premièrement tu n'accepterais pas et deuxièmement... euh... non... rien du tout...

Je ne peux plus y aller, voilà tout!!!

Nerveusement, elle ramassa le nécessaire d'écriture qu'elle rangea et s'occupa de la préparation du repas pendant que les enfants jouaient.

Généralement, l'étiquette veut que les pigeons porteurs de missives ne s'attardent pas, une fois leur mission accomplie. Mais il en allait différemment cette fois-ci. Clairement, le pigeon envoyé par dame Godeline s'engrottait et ne voulait plus repartir. Il fraternisait avec les oiseaux, et particulièrement avec Lauzène. Tous deux voletaient et tourbillonnaient de haut en bas de la tourelle. Les enfants riaient à gorge déployée, et Arnold tentait de les imiter en courant après sa queue en tirebouchon.

Au bout d'un moment, le pigeon se posa solennellement sur l'épaule de Miellye. Et alors, Noctuel observa quelque chose de très curieux... Comme si le pigeon avait un oeil un peu vitreux. Noctuel s'approcha et y regarda de plus près...

Ah! ça alors Miellye, ce pigeon... à la place de son oeil droit... se trouve... mais oui, on dirait bien... une perle!!

Miellye resta bouche bée, tentant de regarder le pigeon dans les yeux, enfin, dans l'oeil, ce qui n'allait pas de soi, car il était toujours posé sur son épaule. Noctuel appela l'oiseau:

Eh! Perle, viens par ici, que Miellye y voit mieux.

L'attention de Miellye fut attirée par les enfants qui riaient aux éclats. Elle sortit afin de voir ce qui leur valait d'être si joyeux lorsqu'un pigeon vint se percher sur son épaule.

Lorsque Noctuel affirma voir une perle au lieu et place de l'oeil droit du volatile, elle se contorsionna le cou, essayant de constater l'affirmation de son époux, mais tout ce qui en résultat fut un torticolis carabiné...

Elle le regarda en soupirant, alors que Noctuel appela l'oiseau... Perle!

Croyant encore à une nouvelle élucubration de son époux, la tête penchée, côté droit, incapable de la redresser et foudroyée par une douleur lancinante, elle haussa les épaules tout en laissant échapper un "Aieeee!", prête à retourner dans la grotte, lorsque le pigeon sauta sur l'épaule de Noctuel, sous les rires démesurés des enfants et d'Arnold qui semblait soudain tout étourdi!

On l'aurait été à moins...

Tout en massant tendrement le cou de sa belle épousée, cou encombré de navrantes nodosités, Noctuel lui adressa la parole:

Miellye, il s'agit vraiment d'un pigeon-phénomène, que ce Perle. Comment concevoir qu'il parvienne à naviguer par monts et par vaux, sous le soleil et sous la lune, sur des centaines de lieues, tout en n'ayant qu'un seul et unique oeil valide pour se guider. Il faudrait lui offrir une récompense digne de ce nom, je me demande quel est le summum du plaisir alimentaire pour ceux de sa race... Autre chose: crois-tu qu'il appartienne à dame Godeline, ou alors c'est un pigeon d'embauche?? Dans le premier cas, il faudrait le lui renvoyer, mais dans le second, peut-être pourrions-nous... euh... l'adopter??

Pendant que Noctuel massait le cou de Miellye dont les yeux se fermaient à demi, elle se demandait bien où il voulait en venir.

Certes il s’agissait d’un pigeon sortant de l’ordinaire, mais elle ne comprenait pas ce qui valait cet enthousiasme marqué chez son époux.

Elle l’écoutait et tout ce qu’elle retenu fut :

Citation :: peut-être pourrions-nous... euh... l'adopter??

Elle se retourna d’un coup net, du coup, elle torticolla tant et si bien qu’elle due retourner son corps au complet, sa nuque étant aussi crispée que ses petits poings qu’elle serra après avoir laissé échappé à nouveau un cri de douleur.

NOCTUELLLLLLLLL D’ESCOBALT!!!!!!!! Non, non, non et re-non! Tu ne vas tout de même pas te mettre à adopter tout animal qui a un aspect "particulier"!!!

Soudain, les enfants se rapprochèrent de leur père, y compris Moka et Pépinot qui se cramponnaient aux jambes paternelles, Arnold se présentant devant elle et la poussant de son groin tout en couinant pour manifester son mécontentement, sachant très bien, combien il était lui aussi "particulier".

Elle les regarda, ferma les yeux, un léger pincement au cœur, leur tourna le dos et regagna la grotte en maugréant…

Hé ben, c’est du joli! Les voilà tous se liguant contre moi!

Puis, haussant la voix, elle adressa à l’intention de Noctuel :

Fais donc comme bon te semble. Mais c’est toi qui s’en occuperas!

Noctuel sourit aux enfants, fier d’avoir gagné son point lorsqu’il vit surgir Miellye qui se dressa devant lui, la tête aussi droite qu’un cèdre.

Et tu comptes adopter l’enfant que je porte aussi ou bien il lui faut naître avec des ailes ou une perle en place d'un oeil pour qu'il suscite ton intérêt ???

Devant le visage livide de son époux, Miellye regretta immédiatement ses paroles. Mais il était déjà trop tard...

Miellye ignorait comment cet enfant était arrivé là! Mais un seul fait demeurait... il était bien là!

Elle trouvait seulement injuste et inaceptable que son époux se préoccupe plus d'un oiseau que de son épouse, enceinte de lui de surcroît!

Elle s'en voulait énormément mais, ce qui avait été dit, l'avait été! Elle ne pouvait plus rien y changer sauf, s'éloigner de lui pour ne pas lui faire davantage de chagrin aussi, elle disparut à nouveau pour se rendre dans sa boucherie en pleurant à chaudes larmes.