La grotte

Noctuel était troublé et malheureux de voir Miellye dans un état de confusion tel qu'il n'en avait jamais connu. Il savait que ces choses arrivaient, mais cette fois, il se sentait bien perdu devant l'attitude à adopter. Oui, décidément, elle avait besoin d'aide, et lui de conseils. Pendant que Miellye était à la boucherie, il prit la plume et rédigea une missive:

Citation :: Cher docteur JRHouston,

Je vous écris de Forcalquier au sujet de l'état de Miellye, mon épousée bien-aimée, que vous vous rappelez sans doute avoir aidée en couches. Or, Miellye présente ces jours-ci des symptômes inquiétants de grossesse nerveuse, ce qui la rend irritable et désarçonnée. Je crains que, si on ne peut la soigner, elle en vienne bientôt à présenter certains signes d'une véritable grossesse, notamment un surcroit de poids et des nausées, comme cela se produit souvent dans de telles circonstances. Veuillez m'indiquer quelle attitude adopter, et me faire savoir si quelque remède ou potion pourrait la soulager de ce tourment, lui redonnant par le fait même son équilibre physique, psychique et émotif.

Votre dévoué, Noctuel

Il plia la missive et la glissa dans le coffret, se promettant de la confier dès le lendemain aux bons soins du pigeon Perle, pour livraison au docte médecin.

Miellye s'était soudain transformée en une sorte d'autre femme appelée "Madeleine"!

Quelques heures plus tard, elle vint revoir Noctuel, les yeux rougis, en reniflant et lui dit...

Tu as raison mon époux! Si... si ça te fait plaisir... adoptons-le! Et puis, il semble affectionné Lauzene et vice-versa.

Ça ... euh... ça te ferait que nous le gardions? Je m'en occuperai avec toi c'est promis mon époux.

Puis, Miellye tomba en larmes dans les bras de son époux...

Tendrement, Noctuel déposa ses mains sur les épaules de son épousée et la reconduisit dans leur chambre afin qu’elle s’y repose.

Il remonta la couverture sur ses épaules, après l’avoir assuré qu’il s’occuperait des petits et du repas et retourna auprès des enfants.

Oui, je dois absolument envoyer cette lettre au docteur JRhouston. Elle ne va pas bien du tout!

Il entreprit de terminer le repas commencé par sa femme et fit dresser la table par les petits en leur remettant le nécessaire pour ce faire.

Miellye finit par fermer les yeux. Une grande douleur l’éveilla subitement. Puis, une deuxième qui la fit se replier et porter instinctivement ses mains à son ventre.

Cette douloureuse sensation à son bas-ventre la mit en nage.

Elle sentit une chaude humidité, couler dans son entrecuisse… Elle releva les couvertures, entrouvrit les jambes lorsqu’une nouvelle douleur la saisit, se faisant plus foudroyante que les autres…

À présent, des larmes inondaient son visage… des larmes qui se déversaient toutes seules tout comme ce liquide sanguin qu’elle aperçut lorsqu’elle put finalement regarder ce qui s’échappait d’elle… Son enfant… leur enfant…. Leur enfant s’évadait de son antre!

Lorsque la douleur diminua, elle se leva, souleva le seau d’eau qui étant changé quotidiennement dans la chambre, emplit le bassin réservé aux ablutions et se nettoya, jetant sur le sol dans un vieux drap toutes les souillures qui s’étaient échappées de son corps ainsi que ses vêtements.

Elle en voulait à son époux! Leur enfant ne se sentant pas accepté s'était enfui loin d'eux. La vue de cette petite chose qui était sorti d'elle, l'avait marquée à tout jamais et il jonchait là, enfoui dans le drap, seule preuve de ses affirmations...

Elle ne dit rien, changea les draps ainsi que la couverture sur le lit laissant là, l’eau maintenant rougie et retourna dans son lit où elle se recroquevilla, enfouissant son visage au creux de son oreiller.

Soudain, elle se rappela la date du jour! Nous étions le 17 juin de l’an de grâce 1457, jour d’un bien triste anniversaire auquel s’ajouterait pour toujours l’événement d’aujourd’hui.

Il y a un an, jour pour jour, elle était forcée de quitter Forcalquier à la veille de son mariage!

Le jour était assez avancée, et Miellye n’était toujours pas levée. Tous attendaient son apparition, car ils avaient préparé des activités festives pour son anniversaire, et ils brûlaient d’envie de lui témoigner à nouveau tout leur amour, qu’il soit marital, enfantin ou animal…

Enfin, elle apparut, sortant de la grotte lentement. Elle paraissait un peu blême, avait les traits tirés, mais esquissa un sourire en les apercevant tous réunis.

Noctuel et Noctumiel entreprirent de jouer la mélodie prévue, qui se déclina d’abord en un long préambule instrumental d’allure orientale. Puis, la chanson se précisa, portée par les voix fluettes de Grazielle et Imeldine, qui en avaient mémorisé tous les mots :

Tout là-bas au milieu du bois
Vit une gente damoiselle
Moi qui un jour l’entraperçois
Veux en parler en ritournelle

Amis, goûtons la miellée
De la forêt de Forcalquier
Goûtons, amis, la miellée
De la forêt de Forcalquier

La grotte qui lui sert de toit
A plus de charmes qu’un palais
Si vous vous égarez, ma foi
Vous aurez droit à un banquet

Amis, goûtons la miellée
De la forêt de Forcalquier
Goûtons, amis, la miellée
De la forêt de Forcalquier

Le rossignol vous le dira
Qui est témoin de son réveil
La tenue qui le mieux lui va
Est la caresse du soleil

Amis, goûtons la miellée
De la forêt de Forcalquier
Goûtons, amis, la miellée
De la forêt de Forcalquier

Tout là-bas au milieu du bois
Vit une gente damoiselle
Moi qui un jour l’entraperçois
Viens d’en parler en ritournelle

Moka, Pépinot et Arnold tentaient de mimer tant bien que mal le texte de la chanson, en une chorégraphie un tantinet maladroite, mais fort charmante. Avec fierté, panache et vocalises, Popeye et Olive évoluaient dans le rôle du rossignol. Quant à Perle et Lauzène, ils bourdonnaient tout à l’entour, évoquant les abeilles associées à la miellée. Décidément, tout avait été planifié avec grand soin par l'auteur, compositeur, concepteur et régisseur, nul autre que Noctuel d'Escobalt.

Miellye regardait tout cela d’un air grave et ému, sans dire un mot.

Puis, Noctuel s’avança vers elle et lui offrit un cadeau d’anniversaire, qu’il lui dit provenir de tous les membres de la famille, et qu’il avait lui-même choisi dans l’étal d’un orfèvre ambulant.

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Elle s’était endormie, épuisée et habitée par une douleur beaucoup plus psychologique que physique.

Lorsqu’elle s’éveilla, il lui sembla qu’elle avait dormie pendant des lustres.

Un silence régnait dans la grotte.

Elle se leva, s’habilla et remarqua que tout avait été ramassé. Hésitante, elle regarda tout autour, mais rien!

Elle sourcilla, se demandant si c’était elle qui avait tout fait disparaître… elle n’avait pas souvenance de l’avoir fait. Et si… et si… si c’était Noctuel! Non! C’était impossible! Il l’aurait réveillée puisqu’il aurait été si bouleversé et il aurait pris soin d’elle et l’aurait rassuré comme il savait si bien le faire parfois lorsqu’il la tenait dans ses bras, sans rien dire et qu’il caressait ses cheveux, tout simplement, ou déposait un baiser sur son front…

Non, ce devait être elle et comme elle était tellement épuisée, elle ne s’en souvenait pas. Oui, c’était sûrement ça!

Elle désirait prendre le repas du soir, mais il n’y avait personne et la table était vide, la vaisselle rangée, tout était impeccable.

Étonnée par la lumière qui éclairait la grotte, elle se tourna vers l’entrée pour constater qu’il faisait jour. Elle avait dormi tout ce temps?

Incrédule, elle se dirigea vers l’extérieur, son ventre criant famine, toujours ce sentiment de fatigue persistant qui lui donnait un teint si pâle.

Elle aperçut toute la petite famille réunie et endimanchés. Elle leur sourit. Ils étaient tous si beaux!

Mais que faisaient-ils donc tous là? On aurait dit qu’ils s’apprêtaient à célébrer quelque chose…

Elle les regarda tous, semblant réfléchir, lorsque Noctuel et Noctumiel entreprirent de jouer une mélodie qui raisonnait à ses oreilles comme un petit quelque chose de connu…

Elle pencha la tête, sourcilla, puis ses yeux s’écarquillèrent démesurément lorsqu’elle entendit les mots portés par la chanson qu’entonnèrent Grazielle et Imeldine.

C’était… c’était… La ritournelle de la Miellée de Forcalquier! Oui, celle-là même, que son époux avait créé juste pour elle!

Soudain, elle se rappela! C’était son anniversaire! Ils célébraient son anniversaire!!! Noc… Noc… Noctuel n’avait pas oublié!!!

Sa gorge se noua, elle déglutit… Un rideau de larmes s’érigea, brouillant sa vue… les joues rougies, l’air grave, émue au plus haut point, de temps à autre, elle essuyait ses yeux du revers de la main… elle restait là, immobile, presqu’inerte mais ne perdant rien de ce qu’elle entendait ni de ce qui se déroulait devant elle.

Les fillettes, ne ratant pas une syllabe, pas un mot… Moka, Pépinot et même Arnold, tentaient de mimer maladroitement, mais de façon si charmante, les paroles chantées par leurs sœurs, chorégraphie dont elle reconnut sans nul doute, l’empreinte paternelle! Noctuel avait dû passer des heures à leur apprendre tout ça!

Tout était si bien orchestré! Même les oiseaux s’en donnaient à cœur joie, se faisant un devoir de se synchroniser parfaitement, s’harmonisant à la gente humaine…

Miellye s’étira le cou, levant les yeux vers le ciel, ébahie d’apercevoir des rossignols au-dessus de sa tête, vocalisant fièrement. S’ajoutant à cette danse, de petites abeilles représentées par nulle autre que la petite Lauzène ainsi que le dernier inscrit au registre des recensements Noctuéliens, Perle, lesquels, bourdonnaient autour de Miellye, dont la tête tournait, telle une girouette tentant de suivre leur envol.

Miellye retourna la tête vers Noctuel qui s’avança vers elle, se sentant observée par les regards anxieux des complices du troubadour, époux et multipère.

Il tendit sa main fermée vers elle, paume vers le bas, la retourna et ouvrit ses doigts laissant briller de milles éclats une magnifique broche transformée en branche sur laquelle se perchait un… un…

Elle se pencha, essuyant du revers de la main, ses yeux qui pleuraient à nouveau ne parvenant pas à croire en ce qu’ils voyaient.

Oui, c’était bien cela! C’était un pigeon!! Un magnifique et superbe pigeon, aux couleurs éclatantes, ornées de pierres émeraudes, serties de longues plumes en or.

Un étrange serrement oppressa sa poitrine et son souffle s’accéléra…

Délicatement, elle prit la broche entre ses doigts menus, son regard refusant de la quitter des yeux.

Elle releva la tête vers Noctuel, esquissa un sourire, ses yeux s’illuminèrent tout comme… tout comme… la perle qu’elle découvrit à la place de l’œil droit du pigeon!!!

Il semblait bien qu’elle était atteinte d’une nouvelle forme de mutisme, observant chaque personne présente à tour de rôle, bouche ouverte, comme si elle allait parler, tout le monde attendit et espéra, mais aucun son ne sortit.

Elle retourna la tête vers Noctuel, le regarda avant de tourner à nouveau son regard vers la broche qu’elle attacha juste au-dessus de sa poitrine puis, semblant totalement désarmée, dépourvue, elle ne parvint qu’à ouvrir les bras pour accueillir tous les enfants qui se ruèrent dessus en milles éclats de voix.

Seul Noctuel entendit le murmure discret prononcé par les lèvres de Miellye : Merci!

Et il eut droit à un sourire aussi radieux que les pierres qui ornaient le cadeau offert à son épouse pour son anniversaire.

Un pigeon voleta un peu au dessus de la grotte , avant de se poser .
Il avait , attaché à la patte , un parchemin entouré d'un ruban de satin rouge
Il roucoula longuement afin d'attirer l'attention des habitants de la demeure

Citation :: Ma chère Miellye , ma soeur de coeur

Al et moi venons te souhaiter un bon et très heureux anniversaire .
Nous nous voyons peu desormais , mais nous pensons souvent à vous tous et nous restons près de toi , de Noc et des enfants , par la pensée.

Nous te souhaitons plein de bonheur, de joie , de tendresse et de cadeaux en cette belle journée , avec ta petite famille .

Nous te faisons de gros gros bisous et te disons a très bientôt
Qu'Aristote veille sur vous
Beli et Al qui t'aiment

Perle accueillit avec moult roucoulements le pigeon de Béli et Al. Pendant que Miellye lisait la missive de leur chère amie, Noctuel monta la table. Bien entendu, il y avait une dominante pâtisserie, et il s'était surpassé pour l'anniversaire de sa chère épousée. Les pâtisseries avaient des formes de fleurs et d'animaux, et elles étaient saupoudrées de cristaux de miel et d'épices importées. Des monceaux de fruits s'ajoutaient, savamment agencés. Et Noctuel avait fait l'acquisition, auprès d'un marchand ambulant, d'une bouteille d'hydromel rare, fait de miel de fleurs d'orchidées. Les enfants lorgnaient le tout, et Noctuel dut retenir énergiquement Arnold pour qu'il ne saute pas sur la table. Quant aux oiseaux, ils ne rêvaient que de miettes. Les tortues ne réclamaient rien, mais Noctuel leur réserverait les trognons de fruits.

À table, mon épousée, à table mes chers enfants!

Au beau milieu du repas, un homme surgit de la forêt, de si grande taille qu'il dépassait Noctuel d'une tête. Cette arrivée impromptue fit sursauter Miellye, qui ne s'attendait à aucune visite. Il était vêtu richement, portant des habits de velours bourgogne et vert olive, plusieurs bagues en or aux deux mains, un immense chapeau à plumes et des bottes du cuir le plus fin. Son visage arborait la plus longue moustache qu'on eût jamais vu dans ces contrées, moustache dont les extrémités remontaient vers le ciel de façon extravagante, défiant les lois de la gravité. Le sieur s'avança dignement, et déclara d'une voix grondante, qui fit frissonner les enfants et détaler Arnold dans les fourrés:

Comme prévu, me voici, messire Noctuel.

Ah, je vous attendais, ou plutôt vous espérais... Je suis heureux que vous arriviez précisément en ce jour, la vie et les voyages présentent tellement d'imprévus... Je remercie Aristote que nos arrangements à distance aient été couronnés de succès, messire Bradesabot!

Miellye ouvrit la bouche si grande qu'Arnold aurait pu s'y engouffrer... Du coin de l'oeil, elle aperçut des taches de mouvement dans la forêt, qui présentaient une texture de soyeuse fourrure...

La missive de sa sœur de cœur et de son nouvel époux, Al, firent grand plaisir à Miellye à qui Béli manquait terriblement, surtout en ce moment…

Elle prit place à table et tout doucement, elle se fit prendre au jeu de Noctuel. Regardant la tablée, elle fut émerveillée par tous les plats qu’il avait préparés. On aurait dit que sur la table, se dressait un champ de fleurs, dans lequel évoluaient toutes sortes d’animaux avec lesquels bien évidemment, Arnold voulait faire ami et comme eux, déguster les fleurs, les fruits et légumes divinement aménagés. Et les pâtisseries… les pâtisseries étaient si magnifiques. L’appétit de Miellye se mit à prendre des dimensions égales à ses yeux surdimensionnés.

Au beau milieu du repas, un homme sortant de la forêt, les rejoignit… Noctuel ne semblait pas étonné outre mesure… Miellye les écouta parler, impressionnée par la prestance de l’homme et les regardant tour à tour, elle ouvrit la bouche béante, lorsqu’elle entendit son époux dire :

Citation :: … nos arrangements à distance … messire Bradesabot!

Puis, des bruits de branches cassées retinrent son attention. Quelqu’un ou quelque chose arrivait. De nouveaux invités qu’elle ne connaissait pas se joignaient à eux ?

Bradesabot ! Noctuel avait bien dit : … messire Bradesabot !!!

Incrédule, elle se leva… se pouvait-il que ce soit… non, c’était trop tôt !

Elle tourna la tête vers l’homme, qui était visiblement satisfait d’avoir répondu aux attentes de la demande formulée par son client. Quant à Noctuel, il semblait si fier de ce moment. Il bombait le torse et observait sa Miellye.

Du coin de l’œil, Miellye crut voir une ombre... puis, une tache… non, deux !

Elle s’avança, le cœur battant à tout rompre… Ils étaient là devant elle !

Elle se retourna à nouveau vers son époux, qui lui souriait fièrement. Il pencha la tête, l’encourageant à faire leur rencontre. Les yeux de Miellye lui retournèrent le plus beau des merci qu’il eut jamais eut de la part de son épousée.

Tout comme elle, ils s’étaient arrêtés, un peu perdu dans cet endroit inconnu.

Elle avança à pas feutrés afin de ne pas les faire fuir, s’arrêta de nouveau et tendit une main qu’elle laissa immobile, droit, suspendue devant elle…

Ils s’étirèrent le cou, faisant même mine de reculer, ce qui fit peur à Miellye, mais, elle ne broncha pas !

Ce fut le plus petit des deux qui s’avança et renifla sa main, imité par son compagnon. Ils la reniflèrent à plusieurs reprises, se consultèrent un instant en se regardant et s’avancèrent plus près d’elle…

En fait, ils s’avancèrent si près, qu’elle put tendre la main et caresser le long cou de l’un d’entre eux. L’autre s’approcha davantage et la poussa, en exigeant tout autant.

Elle riait ! Miellye riait à nouveau !

Elle tenait tendrement par le cou, les alpageois tant espérés, tant attendus.

Elle enfouit son visage tantôt dans la toison de l’un, tantôt dans la toison de l’autre.

Enfin, elle faisait une étreinte à nul autre qu’Alice et Paco !

Les alpageois étaient enfin avec eux !!!

Messire Bradesabot tira de sa besace un parchemin roulé, qu'il remit à Noctuel et Miellye. Celle-ci était trop nerveuse pour lire quoi que ce soit, alors Noctuel fit la lecture à voix haute, à l'intention d'une myriade d'oreilles curieuses.

Citation :: Chère Miellye et cher Noctuel,

Je confie Alice et Paco aux bons soins de messire Bradesabot qui me semble un homme d’expérience et responsable. J’espère de tout coeur que le voyage se passera bien et que vous les verrez arriver en forme et en pleine santé. Ils sont adorables Miellye ! Tu vas t’attacher rapidement je crois...

Je me porte bien et m’installe peu à peu à Lausanne, ville assez tranquille je l’avoue... La chaleur et la convivialité de la Provence me manquent...

Je vous embrasse tous les deux et vous souhaite de beaux moments avec vos enfants, vos bêtes et votre amour !

Dame Godeline

Tous étaient attendris par ce message plein d'attentions et d'affection. Quant aux alpageois, Paco et Alice, ils semblaient aussi dresser l'oreille, comme s'ils avaient compris qu'on parlait d'eux.
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Miellye était toujours suspendue au cou des alpageois lorsque Noctuel lut une missive expédiée par damoiselle Godeline.

Elle écouta, nerveuse, le cœur battant à tout rompre, ne voulant pas desserrer son étreinte, comme si elle avait peur qu’ils ne s’envolent ou ne dispraissent.

Émue par le parchemin de la jeune femme, elle s’adressa à Noctuel.

Il faudra lui écrire Noctuel et lui dire combien j’y suis déjà attachée ! Ils sont vraiment trop mignons !

Se retournant vers l’impressionnant homme qu’était Bradesabot…

Pardonnez ma question messire Bradesabot, mais, euh… qui est qui ? Euh… non… qui est quoi ? Arf, je veux dire, qui est la femelle et qui est le mâle ! Ne le sauriez-vous pas, par hasard ?

Elle relâcha le cou des alpageois, qui semblèrent déçus et la suivirent lorsqu’elle s’avança vers Noctuel.

Portant la main à sa broche, les yeux tout rougis, la voix un peu étranglée, elle lui dit devant tous les regards posés sur elle…

Mon époux ! Comment te dire combien je suis touchée ! Comment t’exprimer toute ma reconnaissance ! Je suis si heureuse Noctuel ! De plus, je les "sens" miens ! Je ne peux t’expliquer pourquoi mais j'ai l'impression qu'ils font faisant déjà partie de nous, de notre famille ! Sans doute, ta marraine avait-elle raison de penser à ce que nous les prenions en charge. Je la sens présente en eux!

L’alpageois brun, s’avança vers les petits et pencha sa tête, à la recherche d’une caresse sans doute… Dark eut peur et détala à toute vitesse.

L’alpageois blanc, se dirigea vers Noctuel lorsque soudain, Arnold qui guettait tout derrière les buissons, sortit précipitamment en couinant et mit en garde l’alpageois blanc de retourner auprès de son partenaire.

Il était redevenu "gardien en chef" du nouveau troupeau et fièrement, il regarda Miellye, cherchant son approbation.

Elle se pencha et le caressa pour lui montrer combien elle était fière de lui.

Noctumiel, qui s'était avancé dans un endroit qui lui était interdit, comptant sur la journée spéciale de l'anniversaire de sa mère pour se faire pardonner, présenta à Miellye... sa houlette de bergère!!!

Sieur Bradesabot éclata d'un rire tonitruant:

Ah! dame Miellye, vous n'aurez aucun doute sur le genre des Alpageois quand vous les verrez s'accoupler, ce qu'ils font à toison... euh... à foison! HAHAHA!... Vous auriez aussi pu jeter un coup d'oeil à leur entrejambe, qui est sans ambiguité, malgré leur fourrure. Mais cessez de rougir voyons... Trève de crudités, Alice a le pelage couleur crème et Paco est brun, vous voilà renseignée...

Grazielle et Imeldine entonnèrent sur ce une ritournelle improvisée:

Toison, foison
Et pon pon pon
Foison, toison
Et ouste-en-rond.

Et Noctumiel de renchérir:

Moisson, boisson
Et pon pon pon
Boisson, moisson
Et ouste-en-rond

Arnold se mit immédiatement en mouvement ouste-en-rond autour des Alpageois.

Noctuel et Bradesabot riaient de plus belle, et Miellye rougissait à foison.

Miellye devint écarlate lorsqu'elle entendit la réponse donnée par le sieur Bradesabot.

Noctuel et lui riaient aux éclats, les filles se mirent à entonner une ritournelle improvisée, leur frère renchérit, sans compter Arnold qui s'en mêla en tourant en rond autour des Alpageois.

Décidément, ils se moquaient tous d'elle!

Le franc parler de Bradesabot la mit réellement mal à l'aise et de voir son époux qui se moquait d'elle avec cet homme...

Citation :: Vous auriez aussi pu jeter un coup d'oeil à leur entrejambe, qui est sans ambiguité, malgré leur fourrure.

Comment osait-il parler de la sorte devant les petits... Sans compter que jamais elle n'aurait osée regarder là où il lui suggérait de regarder!

Elle planta sa houlette dans le sol, croisa les bras et les regarda d'un oeil furieux ce qui fit augmenter les rires des deux hommes.

Comme le jour avançait, Noctuel voulut être courtois envers le sieur Bradesabot, qui les avait tant aidés.

Miellye, comme le jour va tomber sous peu, tu ne crois pas que nous devrions offrir à notre invité de profiter de...

Il ne put terminer sa phrase, étonné de voir son épousée passer en une seconde de l'écarlate au blanc farinaire... Ce fut messire Bradesabot qui rompit le silence:

Je vous sais gré d'une hospitalité si généreusement offerte, mais je dois me rendre au village pour conclure d'autres affaires, des tractations bestiales, enfin, je veux dire des transactions bestiaires... Un mot avant de vous quitter toutefois. Votre amie dame Godeline, il est clair qu'elle se morfond à Lausanne, son équilibre pourrait en souffrir, je le crains fort. Prenez de ses nouvelles, ne l'oubliez pas malgré l'éloignement car elle, elle ne vous oublie certes pas.

Il fit un salut théâtral à toute la compagnie, et se dirigea vers la forêt dont il avait jailli plus tôt, suivi par Arnold qui trottina un moment derrière lui avant de revenir monter la garde autour de SES alpageois.

Miellye regarda le sieur Bradesabot disparaître dans la forêt, reconnaissant qu'il ait amené Alice et Paco mais quelque peu soulalgée, car elle ne possédait pas de couche assez grande pour un homme d'une telle stature.

Ce qu'il leur avait dévoilé au sujet de damoiselle Godeline, l'avait attristée beaucoup.

Godeline ne leur avait pas donnée de nouvelles depuis son départ. Il est vrai que Miellye et Noctuel ne lui avait pas écrit non plus...

Lorsque l'homme disparut de sa vue, elle alla rejoindre son époux et elle lui parla de ce qui la chicotait.

Mon époux, que dirais-tu d'écrire à damoiselle Godeline et de lui offrir de venir nous rejoindre ici après qu'elle ait vendue son champ. Je pourrais lui donner mon terrain à la crique et d'ici à ce qu'elle arrive, nous pourrions y bâtir une petite chaumière pour elle. Ou bien encore, elle pourrait habiter dans la maisonnette d'Alexandra. Ainsi, lorsqu'Alex est à Aix, elle ne sera pas inquiète pour sa demeure, puisque quelqu'un y résidera en permanence. Je sais qu'elle en serait ravie car nous avions déjà envisagées cette possibilité toutes les deux.

Nerveusement, elle jouait avec ses doigts, espérant une réponse positive de son époux.

Noctuel rappela à Miellye que Godeline lui avait écrit personnellement et qu'elle avait également donné de ses nouvelles par l'entremise du sieur Bradesabot..

Ahhhhhhh, oui c'est vrai mon époux! Mais où ai-je la tête moi!!!

N'empêche qu'il faut lui écrire et l'inviter à venir nous rejoindre ici! Qu'en penses-tu mon époux?

Je crois que c'est ce qui lui conviendrait le mieux. À moins bien sûr, qu'elle n'ait d'autre projets en tête que nous ne connaissons pas.

Bubu arriva devant la grotte avec Sany....Il savait que ce n'était forcément les grands sourires qu'il l'attendait.. Enfin ils verraient bien. C'est le cœur serré et en tenant Sany par la main que Bubu avança timidement devant la grotte. rien n'avait changé depuis sa dernière visite, il y a bien longtemps, trop longtemps.

Il s'avancèrent tous les deux et Bubu dit..

Miellye?? Noctuel?? Ohé, y'a quelqu'un??

Miellye n'avait d'yeux que pour les Alpageois arrivés à point pour le jour de son anniversaire.

Tout le monde était dehors à caresser les nouveaux membres de la famille. Noctuel présentant les Alpageois aux enfants, les uns après les autres, tous en ordre dans le calme le plus absolu afin de ne pas les apeurer.

Une voix masculine retentit rompant ce moment privilégié. Une voix que Miellye reconnut…

Elle se retourna net et aperçut Bubu et Sany. Elle leva la main, paume dirigée vers eux, leur signifiant ainsi de s’arrêter et de demeurer là où ils étaient.

Elle se retourna à nouveau vers les petits et Noctuel. D’une voix ferme, elle lui demanda de rentrer avec les petits dans la grotte. Il voulut parler mais cette fois, Miellye avait un regard que Noctuel ne lui connaissait pas! Aussi, préféra-t-il jouer de prudence en la présence des petits et à contrecoeur, il se plia calmement à sa demande.

Les Alpageois, furent quant à eux, repoussés par Arnold vers les petits sentiers qui longeaient le côté de la grotte. Miellye hocha la tête en sa direction en guise d’acquiescement à son initiative.

Une fois que tout le monde fut à l’abri, elle s’avança vers eux, salua Sany d’un signe de tête, puis s’adressa à Bubu.

Tu t’es perdu sans doute Bubu ? C’est avec plaisir que je t’escorterai jusqu’au village où tu pourras aller étancher ta soif dans les tavernes. Sans doute t'es-tu aventuré trop loin...

Bubu vit avancer Miellye vers lui et lui parler méchanceté. Il répondit sur un ton de douceur

je sais ce que tu penses de moi Miellye et c'est tout à fait légitime de ta part. je ne viens pas en ennemi. Crois moi. maintenant si on est pas les bienvenu nous repartons. J'avais juste emmené un jouet.

Bubu montra un grand cheval à bascule pour les petiots.

L'espace d'un instant, Miellye s'adoucit lorsque Bubu lui présenta un très joli cheval à bascule qu'il offrait pour les petits.

Miellye se rappela ceux qu'avaient fabriqués son époux pour les triplets et son coeur se serra. Elle repensa à la perte de son enfant, le matin même. Elle se sentait si fatiguée, si lasse...

Elle se ressaisit et reporta son regard vers Bubu.

Bubu, je t'avais déjà prévenu à Aix qu'après tout ce temps passé, ta présence n'était pas souhaitable à la grotte. Je maintiens mes dires d'autant plus que tu arrives chez nous, comme ça, à l'improviste, tentant visiblement d'imposer ta présence par cette visite imprévue.

Je sais que je m'emporte facilement. Tu sais très bien pourquoi j'agis ainsi! Tout a été dit à Aix lors de mon passage.

Je comprends que tu sois mal à l'aise suite à cette discussion mais... ne crois-tu pas que tu aurais au moins pu tenté de solliciter un entretien avec moi et mon époux afin de possiblement envisager une rencontre pacifique pouvant mener à une possible entente?

Non! Tu arrives comme ça, tout bonnement, et sans savoir ce qui se passe ici présentement, tu nous imposes ta présence et tu essaies de jouer avec mes sentiments maternels en me présentant un jouet pour les petits?

Je regrette Bubu... tu n'aurais pas dû agir ainsi Bubu. Que ça te plaise ou non, tu ne dois pas écarter mon époux. Ta présence ici en ce jour démontres le non respect que tu as à son égard et envers notre famille.

Et tu voudrais que l'on t'accueille à bras ouverts?

Sans rien dire d'autre, Miellye se retourna et regagna l'intérieur de la grotte où elle ferma la porte derrière elle après qu'Arnold ait eu à peine le temps de s'y glisser.

Non Miellye, je ne t'impose rien, et surtout pas ma présence. Ce n'était pas prévu que je vienne à Forc. J'en ai simplement profité pour venir. Je ne veux, en aucun cas, écarter ton époux et reprendre mon statut de père. Je ne veux pas non plus imposer ma présence chez toi. Nous passions juste c'est tout!! J'ai apporté ce jouet simplement en tant qu'ami. Je te répète nous sommes juste de passage et nous en avons profité pour vous dire bonjour, simplement bonjour sans aucune arrières pensées. D'ailleurs nous repartons ce soir pour Aix. Mais maintenant que je sais que tu me fermes ta porte à tout jamais, je ne vous dérangerai plus. En espérant que vous vivrez heureux le plus longtemps possible avec les petiots, je vous souhaite tous les bonheur du monde. Adieu

A la vue de la porte d'entrée de la grotte qui se referma, Bubu regarda Sany , la reprit par la main, et firent demi tour.

Visiteur Nombre de messages : 5 Age : 36 Date d'inscription : 28/06/2009

Sany avait écouté tout ce qui c'était dit et son coeur se serra. Elle pouvait comprendre que Miellye agisse ainsi, c'est l'instinct maternel et elle le respecte.
Mais elle avait également mal au coeur pour son mari. Elle n'avait rien oser dire, se sentant mal à l'aise. Elle vit la porte se refermer derrière elle et se senti envahit de tristesse.

Sany regarda fixement la porte d'entrée et se senti entrainée par la main de Bubu. Non, elle ne pouvait pas partir comme ça, pas sur cette note si triste et froide.

Elle lâcha la main de Bubu et retourna, d'un pas confiant et plein d'espoir, frapper à la porte de la grotte.

Noctuel et Miellye étaient à se préparer pour le départ vers Aix, ayant été mobilisés pour défendre la capitale. Il était convenu avec Pégase que sa gouvernante, dame Hermine, s'occuperait des cinq enfants et des animaux pendant leur absence. Comme on frappait à la porte, Noctuel s'y présenta, portant d'un bras Moka et de l'autre Pépinot. Il aperçut une dame qu'il ne connaissait pas, à laquelle les deux petiots sourirent à pleine bouche. Moka dit:

Oh! Bel'dam'.

Et Pépinot le coquinot de renchérir:

Ah! For'bel'dam'.

Noctuel dit alors :

Vous devez être dame Hermine, la gouvernante de notre chef de lance, bienvenue dans notre grottée.

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Sany se senti soudain troublée. Bubu était derrière elle à quelques pas. Elle sourit aux enfants puis sourit au Messire que venait de lui ouvrir.

- Bonjour. Non je ne suis pas dame Hermine, je me nomme Sany. Excusez moi si je vous dérange. Est-ce que Miellye est là?

- Si je vous importune, je m'en irai. Mais j'aimerai vraiment la voir. Ne serait-ce que pour pouvoir fixer une date pour discuter.

Sany regarde l'homme et se senti vraiment gênée. Mais elle voulait vraiment trouver une date à laquelle tout le monde pourrait parler autour d'un verre.

Bubu avança vers Sany, saluat Noctuel rapidemant et dit...

Viens Sany.....laisse tomber!! Ce n'est plus la peine.. tant pis pour moi, j'aurai du être plus prévenant, avertir de notre arrivée. Allez viens nous partons!!
Viens je te dis!